Les associations du réseau seniors Genève ont listé une trentaine de recommandations pour mieux prendre en compte la vieillesse dans les politiques publiques. Dix candidats au Conseil d'Etat ont accepté d’en débattre ce lundi
Le vieillissement de la population est un défi auquel toutes les collectivités publiques sont confrontées. À Genève, la Plateforme réseau seniors a récemment dressé un constat sans appel: malgré son important tissu associatif, le canton manque d’une «vision politique transversale, cohérente et proactive de la vieillesse». A l’approche des élections cantonales d’avril, elle a invité les candidats au Conseil d’Etat à en débattre ce lundi à la salle communale de Plainpalais. Dix d’entre eux, tant à droite qu’à gauche, ont accepté l’invitation, conscients sans doute du poids électoral que représente cette frange de la population.
De quoi les aînés ont-ils besoin au quotidien? Que peuvent-ils apporter à la société? Comment les considérer comme des acteurs et pas uniquement des bénéficiaires? Autant de questions centrales auxquelles environ 80 associations ou organisations actives dans le domaine telles que la Fédération genevoise des structures d’accompagnement pour seniors, Pro Senectute ou encore la Main tendue, ont réfléchi. En janvier dernier, elles ont rédigé un livre blanc qui liste les manques et esquisse des solutions pour améliorer la prise en charge des quelque 83 000 seniors à Genève (65 ans et plus). Ils seront 100 000 d’ici 2030.
Au-delà du problème sanitaire ou économique
Santé bien sûr, mais aussi cohésion sociale, aménagement ou encore mobilité: le vieillissement de la population touche tous les domaines de la société. «Or, il reste trop souvent abordé en silos ou uniquement comme un problème sanitaire ou économique», estime Jacqueline Cramer, présidente de la plateforme. D’où la démarche du livre blanc, mais aussi du débat pour mettre la question au centre de la campagne pour le Conseil d’Etat.
Ce lundi, face à un public de plusieurs centaines de personnes, les candidats ont ainsi été interrogés sur leurs propositions quant au rôle social des seniors, l’accès à l’information ou encore l’aménagement. En préambule, tous s’accordent sur le manque de transversalité, un «mal courant dans le canton», selon les mots de la socialiste Carole-Anne Kast. Faut-il créer une commission consultative des seniors comme le préconise la Plateforme? Tous les candidats approuvent sauf Pierre Maudet, qui craint une énième coquille vide.
A partir d’un certain âge, les démarches administratives peuvent être un obstacle. Luc Barthassat souhaite ainsi créer un guichet unique pour les seniors qui n’ont pas accès aux informations en ligne. «Aujourd’hui, beaucoup n’osent pas demander d’aides.» Candidate d’Ensemble à gauche, Françoise Nyffeler insiste elle aussi sur la précarité des aînés, particulièrement élevée à Genève. Selon Pro Senectute, 16% d’entre eux touchent moins de 2300 francs par mois. «L’administration fiscale devrait systématiquement informer les personnes susceptibles de toucher des aides», propose la magistrate verte Fabienne Fischer.
16% des seniors en situation de précarité
Pour l’UDC Michael Andersen, les communes ont un rôle essentiel à jouer. «A Vandœuvres, nous avons par exemple organisé un séminaire explicatif pour aider les aînés à passer du bulletin de versement orange au QR code.» Pierre Maudet insiste lui aussi sur le fossé numérique et veut augmenter les espaces de formation: «L’alternative analogique doit rester possible pour les prestations de base.»
Maintenir les aînés le plus longtemps possible à domicile est l’un des enjeux majeurs. «Or, on ne vieillit pas tous de la même manière, le suivi doit être sur mesure», estime le MCG Philippe Morel, lui-même âgé de 62 ans. Au niveau des logements, certains candidats pointent des problèmes très concrets. «Lorsqu’on veut remplacer une baignoire par une douche, par exemple, c’est souvent impossible ou alors ça coûte très cher», afirme Carole-Anne Kast qui propose de généraliser la pose de baignoire avec portes.
Nouveaux quartiers pas assez équipés
Pour le centriste Xavier Magnin, passer de l’appartement dans lequel on a vécu toute sa vie à un logement plus adapté tout en restant dans le même quartier ne devrait pas être un calvaire: «A Bernex, nous avons notamment organisé des bourses d’échange qui ont très bien fonctionné.» Au-delà du logement, il faut des lieux partagés dans les communes pour créer du lien social. «Les nouveaux quartiers ne sont pas assez équipés à ce niveau-là, ni en termes de commerce ou de médecins», juge pour sa part la PLR Anne Hiltpold. Entre le logement et l’EMS, il y a des alternatives comme les coopératives pour seniors ou encore la colocation, ajoute la candidate vert’libérale Marie-Claude Sawerschel.