Delphine Bachman, Fabienne Fischer, Anne Hitpold et Carole-Anne Kast ont échangé sur leur conception du pouvoir des femmes et des femmes de pouvoir ce mardi.
Salaires, retraites, petite enfance, violences de genre et solutions politiques: voici les thèmes abordés par quatre des cinq candidates encore en lice pour le Conseil d’État ce mardi lors d’un débat. Invitées par le Centre de liaison des associations féminines genevoises (CLAFG), le Bureau de promotion de l’égalité et de la prévention des violences (BPEV) et la Maison internationale des associations (MIA), Carole-Anne Kast (PS), Fabienne Fischer (Verts), Delphine Bachmann (Le Centre) et Anne Hiltpold (PLR) ont échangé pendant plus d’une heure et demie au rythme des questions de la journaliste Karine Pollien.
Dans les grandes lignes, le quatuor s’accorde sur la place centrale de l’école pour déconstruire les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge, l’urgence de faire disparaître les inégalités salariales et le besoin crucial d’agrandir l’offre de prise en charge des enfants.
Clivage gauche-droite
Cependant, le clivage gauche-droite affleure tout au long du débat quant au financement de ces idées. Revendicative, la candidate Verte Fabienne Fischer donne rapidement le ton. Si le Conseil d’État actuel est favorable à l’égalité femmes-hommes, c’est, selon elle, parce qu’il est à majorité rose-Verte. «L’égalité et la solidarité sont les valeurs fondamentales de la gauche. Elles influencent aussi les objectifs et les projets portés par les partis.»
Une analyse à laquelle souscrit Carole-Anne Kast, qui rappelle les votes de la droite, aux niveaux fédéral et cantonal, en défaveur des femmes et de l’égalité. Questionnant frontalement l’alliance du Centre et du PLR avec l’UDC, «un parti qui attaque actuellement le droit à l’avortement et le rôle des femmes dans la société», elle se montre cependant plus diplomate que sa colistière, se disant contente que les candidates présentes partagent de nombreuses convictions.
«Promettre de baisser les impôts ne signifie ni couper les prestations sociales ni refuser des budgets conséquents pour la petite enfance.»
Anne Hiltpold, candidate PLR
Delphine Bachman, piquée et investie, appelle à dépasser les clivages habituels: «L’égalité ne doit jamais diviser les femmes, mais les rassembler!» Elle mentionne les positions du Centre, que ce soit à Berne et/ou à Genève, et souligne que ni la candidate PLR, ni elle, ne pouvaient être tenues responsables des décisions prises par leur parti.
Anne Hiltpold, finalement, plutôt désarçonnée, se dit persuadée que si les cinq candidats de son camp sont élus, les femmes, majoritaires, convaincront les hommes du bien-fondé de leurs positions. Et d’ajouter que «faire campagne en promettant de baisser les impôts ne signifie ni couper les prestations sociales, ni s’opposer à voter des budgets de fonctionnement conséquents en faveur de la petite enfance», par exemple.
Du harcèlement scolaire au féminicide
Sur la violence domestique, c’est à nouveau le rôle de l’école qui est mis en avant, une éducation à la tolérance permettant de déjouer les mécanismes sexués de domination.
La candidate socialiste est la seule à aborder la question de l’accueil des victimes et de leur écoute, que ce soit au sein de la police, par des fonctionnaires ou des proches. La candidate PLR évoque la répression, les condamnations lui semblant trop légères à l’heure actuelle. Le financement des structures d’accueil d’urgence des victimes n’a pas été mentionné.
En conclusion, une fois élue, quelle serait la première mesure prise en faveur de l’égalité? Fabienne Fischer agirait sur des questions structurelles comme l’accueil de la petite enfance et le congé parental. Carole-Anne Kast s’attaquerait immédiatement aux inégalités salariales persistantes dans le public. Delphine Bachmann s’appuierait sur le Bureau de promotion de l’égalité (BPEV) et continuerait à promouvoir une politique familiale qui tient compte des changements sociétaux. Anne Hiltpold, finalement, s’adapterait au département qui lui serait confié et aménagerait les horaires de ses collaborateurs en prenant en compte leur parentalité.